Massacre au 2122

Le portrait

Le 14 février 1929, Chicago. Sept hommes tombent sous les balles du gang Al Capone dans un garage du 2122 North Clark Street. Nous, on préfère commémorer cette date avec du rhum des Antilles et des fraises helvètes.

Cette Porter qui sent la poudre naît de notre Malt Capone, dont nous ponctionnons 220 litres pour les glisser dans une barrique de rhum Marie-Galante. Deux mois de vieillissement, le temps que les arômes se rencontrent et négocient leurs territoires respectifs.

Au nez, l'héritage Capone s'impose : chocolat noir, café torréfié, pain grillé. Le fût de rhum ajoute sa signature fumée, ces notes boisées qui évoquent presque l'odeur de poudre pour les fins limiers. En bouche, le corps puissant à 6,4% se laisse amadouer par une purée de fraises suisses. Cette douceur fruitée vient tempérer la brutalité maltée, comme un cessez-le-feu signé entre gangsters et confiseurs.

Un massacre ? Plutôt une réconciliation inattendue entre l'univers sombre des années folles et la délicatesse helvétique.

L'histoire

Certains célèbrent la Saint-Valentin avec des chocolats. D'autres préfèrent les fusillades historiques comme prétexte à créer des bières éphémères.

Le Massacre de la Saint-Valentin nous fascine depuis toujours. Pas pour la violence, mais pour ce qu'il représente : un moment où l'Histoire bascule, où tout s'accélère. Notre Massacre au 2122 capture cette intensité dramatique, mais l'apprivoise avec des ingrédients qui parlent de douceur.

Partir de notre Malt Capone, cette Porter déjà imprégnée d'univers mafieux, c'était logique. L'envoyer en barrique de rhum des îles, c'était audacieux. Y ajouter des fraises suisses, c'était notre signature : transformer la brutalité en complexité, la violence en nuance.

Cette création éphémère prouve qu'on peut puiser dans les pages sombres de l'Histoire pour créer quelque chose de lumineux. Un paradoxe brassicole qui nous ressemble.

Accords mets-bière

Cette Porter barriquée aux fraises se révèle particulièrement versatile, naviguant entre registres sucrés et salés avec une aisance déconcertante.

Les viandes braisées trouvent en elle une partenaire de choix. Bœuf aux épices, agneau confit ou gibier en sauce : le vieillissement en fût de rhum fait écho aux notes caramélisées de la cuisson lente, tandis que les fraises apportent cette pointe d'acidité qui réveille les papilles.

Côté fromages, misez sur les pâtes persillées vieillis. Un roquefort de caractère ou un bleu d'Auvergne : leurs notes piquantes créent un dialogue fascinant avec la douceur fruitée, pendant que les tanins du bois structurent l'ensemble.

Les desserts chocolatés sont ses terrains de prédilection. Fondant au chocolat noir, tarte aux fruits rouges ou même un simple carré de 70% cacao : la Porter révèle ses notes torréfiées, le rhum apporte sa chaleur, et les fraises unissent tout dans une harmonie gourmande.

Pour les plus audacieux, tentez l'accord avec un foie gras poêlé aux fruits. La richesse du foie, la douceur des fraises de la bière, les notes boisées qui rappellent un vieux cognac : un triangle gustatif d'une sophistication rare.

Le mot de la fin

Massacre au 2122 appartient à nos archives les plus créatives, témoignage d'une époque où nous osions mélanger Histoire sanglante et fraises confites. Cette Porter éphémère nous rappelle que l'innovation naît parfois des contrastes les plus inattendus.

Bien qu'elle ne coule plus dans nos cuves, son héritage perdure dans notre approche du vieillissement en barrique et notre amour des paradoxes gustatifs. Elle reste la preuve qu'avec du talent et de l'audace, on peut transformer n'importe quelle tragédie en chef-d'œuvre brassicole.

Cheers ! 🍻

The recipe